Nous approchons du village où les maisons sont souvent très colorée.

L'arrivée au port est un joyeux mélimélo de barque, nous devons passer de l'une à l'autre pour descendre sur le quai.

Puis nous montons le grand escalier pour quitter le port.

Imperturbables, les dromadaires nous regardent passer.

Une maison nubienne a la gentillesse de nous accueillir.

Au dessus de l'entrée, comme c'est la tradition, un crocodile. Oui, vous avez bien compris, un crocodile, un vrai bien empaillé !

La Nubie autrefois appelée le Royaume de Koush d'où sont issus les pharaons noirs, est un immense territoire à cheval sur le Soudan et la Basse Egypte.

En 1963, les quelque 100 000 habitants de Basse-Nubie, entre la cataracte de Dal au Soudan et Assouan en Égypte, ont subi une catastrophe écologique et sociologique de grande envergure. ils sont chassés de leurs maisons et de leurs terres à cause de la construction du haut barrage d'Assouan qui les a inondées.

Ils ont donc dû reconstruire leurs villages et vivent presque essentiellement du tourisme tout en essayant de garder encore leurs traditions. Car en effet, derrière la vitrine, c'est une société qui par la force des choses a tendance à vivre repliée sur elle-même pour se protéger.

Ils ont toujours gardé une relation étroite avec leur animal fétiche le crocodile qui pullulait tout au long du Nil. Au 19ème siècle déjà, on les appelait les chasseurs de crocodile comme en témoigne ce haut relief intitulé "Les Nubiens ou Les Chasseurs d'alligators" sculpté en 1874 par Louis Ernest Barrias (13 avril 1841 - 4 févr. 1905)

 Credit: Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Daniel Arnaudet musée d'Orsay http://www.musee-orsay.fr/

Ils élèvent toujours ces charmantes petites bêtes dans leur intérieur.

Rassurez-vous, ou pas, il n'y a plus de crocodiles dans le Nil. On ne les trouve qu'au delà du lac Nasser. Ils vont les chercher tous petits juvéniles pour les élever. Et lorsqu'ils sont trop gros, ils les remettent à l'eau la plupart du temps, c'est ce qu'on dit.

Sinon, l'intérieur de la maison est très colorée, le sol est de sable entre les dalles et pourtant parfaitement propre.

Mais il s'agit de la pièce de réception, j'ai entraperçu une pièce privée où le sol était carrelé. Par pudeur, je n'ai pas photographié. Et surtout, ne jugeons pas, si ces gens offrent aux touristes le folklore dont ils sont friands, ils nous font part également de ce qui fut et est leur histoire intime avec ce sable tout comme avec ce plafond artistiquement tressé qui est une excellente manière de rafraîchir la maison par grande chaleur.

 Il y a presque autant de Chrétiens que de musulmans chez les nubiens, ici le propriétaire de la maison nous confie qu'il est bien Hadji, c'est à dire qu'il a fait le pèlerinage de la Mecque.

On nous offert le thé à la menthe et un délicieux pain accompagné de miel. Et aussi de l'Alva que j'adore.

En sortant, la nuit était déjà là, il n'est que 18h30 et les boutiques brillent aux regards des chalands.

Nous prenons le chemin du retour en retraversant le Nil. Au loin, les lumières de la ville nous attirent comme des papillons avides.

Sur le quai les marins ravaudent la toile de leur chaloupe à la faible lueur des réverbères. Sécurité et navigation obligent.

Exceptionnellement le repas sera à table au lieu du buffet habituel et nos serveurs ont revêtu leurs gants blancs.

Au dire des râleurs de service, la tenue n'est pas suffisamment rigoureuse. Ne pourraient-ils donc pas se tenir droit, au garde à vous comme il se doit !

Moi je les trouve charmants et attendrissants de se prêter au jeu de ses vacanciers en croisière. Ils sont plein d'humour, croyez-moi, et toujours prêts à rendre service. Que demander de plus, sinon apprécier simplement les bons moment.

Une belle entrée d'antipasti avec sa petite bougie allumée. En plus, c'est délicieux.

Quelle sera la décoration de notre chambre ce soir ?

Une grande étoile et une jonchée de pétales de bougainvillier.

Bonne nuit et à demain, une "dure" journée nous attend encore.